Sans nier les spécificités et les frontières tant méthodologiques qu’épistémologiques, primal entend contribuer à redéfinir les enjeux et les rapports entre Droit, Philosophie et Management. Ses travaux sont marqués par un souci constant d’articuler théorie et pratique et de proposer de nouvelles problématiques. Les apports disciplinaires multiples et leur confrontation amèneront à élaborer de nouveaux objets d’étude ainsi qu’à identifier de nouvelles approches méthodologiques. L’une de ses perspectives sera d’ordre épistémologique puisqu’il s’agira de s’interroger sur les connaissances ainsi construites à travers les différents travaux.

L’influence normative du management ne se limite pas à l’entreprise et s’étend de plus en plus à la vie sociale. L’influence de la norme managériale est observable dans des domaines très variés. Le travail du dimanche longtemps impensable est aujourd’hui accepté. Le prêt de main d’œuvre à but lucratif qui a longtemps fait l’objet d’une interdiction est aujourd’hui reconsidéré sous l’angle du portage salarial, qui plus est dans le cadre d’une négociation paritaire.

Dans le secteur public, les principes juridiques d’organisation sont remplacés par des principes issus du management privé. Au niveau européen, la Soft Law donne une enveloppe juridique à une norme influencée par les pratiques managériales. Le droit comptable européen est en mutation et se trouve influencé par le droit anglo-saxon par l’intermédiaire de  grandes entreprises et de cabinets de consultants.

Les rapports au sein de la sphère publique se trouvent bouleversés et il ne saurait désormais être question de penser la politique en faisant l’économie d’une analyse du monde de l’entreprise.  Les concepts de gouvernance et gouvernement, citoyenneté, souveraineté, responsabilité pour les générations futures ou encore délibération sont désormais en jeu puisqu’il va s’agir de comprendre les modes d’existence du gouvernement managérial. L’étude du monde de l’entreprise et du management redéfinit certaines frontières théoriques en particulier parce que les enjeux liés à la globalisation ne peuvent échapper à un questionnement de philosophie politique.

Le droit, entendu comme ensemble de normes, vise à codifier et à réguler un certain nombre de comportements, ou encore, à imposer un certain nombre de conduites. La référence au management dans des domaines jusqu’ici structurés par le droit (management public) pose la question de la coexistence des normes juridiques et des normes managériales. Cette question est d’autant plus importante que le management crée des situations inédites en renouvelant ses techniques d’organisation, par exemple. Dès lors, quelles limites juridiques donner aux normes managériales ou, pour le dire autrement, est-ce que le droit dispose des moyens de limiter l’influence du discours managérial? On peut ici penser à la confrontation entre divers ensembles de normes eux-mêmes fondés sur des principes éthiques antinomiques, comme il en existe toujours en droit positif.

Primal entend se concentrer sur l’interaction entre les normes juridiques, les normes politiques et les normes managériales et sur les effets de cette interaction sur la démocratie.

Quel est le processus de création des normes managériales, juridiques et politiques et quel peut être leur force ? En effet, si le management est un discours, comment ce discours parvient-il à se constituer en un ensemble de normes et par quels processus sociaux et politiques le droit positif en vient-il à intégrer ces normes? Autrement dit, quels sont les acteurs, les prescripteurs, les rédacteurs de ces normes? Existe-t-il un mouvement inverse au terme duquel un discours managérial se construit sur le fondement de normes juridiques valides dont l’existence juridique a elle-même été le résultat de ce discours managérial?

Quels effets l’application et l’interaction de ces normes ont-elles sur les processus démocratiques et sur les valeurs fondamentales de la démocratie ? Comment les organes d’application du droit, qui sont les premiers producteurs de normes, reçoivent le discours managérial et, le cas échéant, résolvent les éventuelles antinomies entre les normes managériales non encore intégrées au droit positif et le droit positif lui-même? Peut-on observer une résistance au discours managérial et comment celle-ci se manifeste-t-elle le cas échéant?

Les projets de recherche spécifiques ont pour objet de développer et d’approfondir ces questions à partir d’études de terrains menées par des équipes pluridisciplinaires. Les projets spécifiques sont en interaction à partir des questions qu’ils traitent et des nouveaux questionnements qu’ils génèrent. Ces projets sont regroupés en quatre axes.